Epreuves, maladie, handicap... Dieu est bon ???

Journée diocésaine des aumôneries des établissements de santé : cette année, une journée pour approfondir notre spiritualité face à la souffrance et guider notre attitude dans la rencontre avec les gens en souffrance

Voici ce à quoi étaient invités les aumôniers des établissements de santé (hôpitaux et cliniques) et les membres de leurs équipes, ainsi que les délégués doyennés de pastorale santé et des représentants des visiteurs de malades et personnes âgées à domicile et en Ehpad (maison de retraite).

 

Une journée à la croisée d'une récollection et d'une formation, qui a commencé par la prière en petit groupe sous la forme d' un dialogue contemplatif autour de versets du psaume 21 : « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? »..., suivie de l'Eucharistie et la prédication du Père Bernard Descarpentries sur l’Évangile de la crucifixion.

Vivre ces temps en début de journée a été particulièrement apprécié par les participants.

 

L'intervenant principal, le Père Antoine DEVIENNE, du diocèse de Créteil, nous a ensuite proposé une lecture croisée de passages du livre de job, du psaume 87, et de la guérison de l'aveugle dans l’Évangile de Jean (chap 9).

 

Des saynètes présentant des réactions tout à fait caricaturales et exagérées de visiteurs face à quelqu'un en souffrance ont permis de rire malgré la teneur de la journée... mais aussi d'alimenter le questionnement... nous n'étions pas si loin du livre de Job...

 

C'est Florence Choquet, formatrice pour la pastorale de la santé dans le diocèse, qui a pris le relais pour nous sensibiliser aux attitudes et réactions que provoque la douleur ou la souffrance chez celui qui la subit.

Ex : Sommes-nous les mêmes avec notre entourage lorsque nous avons une terrible rage de dents ???

Cela peut nous aider à garder une attitude juste et accueillante envers celui que nous visitons.

 

 

Quelques points de repères issus de cette journée :

 

Du P. Descarpentries :

 

Douleur et souffrance ne sont pas la même chose, mais sont intrinsèquement liés. «  La douleur n'est pas qu'un fait physique ; mais expérience globale et bouleversante de tout l'être, dans la perception de lui même et des relations qui le constituent.  » . Cette expérience bouleversante peut être souffrance.

 

Et aussi : « Pour moi, la souffrance apparaît comme la part profonde du désir de vivre face à la douleur qui nous prend le corps et blesse notre être relationnel. »

 

Du P. Devienne :

 

« Job ne comprend pas l’acharnement du destin sur lui, alors que ses « amis » lui suggèrent que son malheur provient d’un péché caché. Job ne se résout pas à accepter cette accusation » Il crie vers Dieu « sans toutefois transgresser la frontière qui sépare l’indignation du blasphème »

 

On repère une « impression d’enfermement qui accompagne la souffrance, comme si le corps autant que l’esprit de Job étaient reclus dans une prison inviolable. Cet enfermement conduit à la solitude, et la solitude conduit à l’incapacité de communiquer et de partager la souffrance avec d’autres. »

 

« Les rebellions de Job sont autant des remontrances adressées à Dieu que des appels au secours où il attend que Dieu lui parle dans sa souffrance ce qui aurait pour conséquence de briser l’enfermement dans lequel il est reclus. »

 

Finalement, « au creux de sa souffrance », et « par un processus d'intériorisation », Job accède « à un Dieu dont les pensées, qui lui étaient infiniment lointaines, lui sont maintenant intimes ».

 

« Ses interlocuteurs parlaient de Dieu, Job parle à Dieu. » Et alors il peut le rencontrer et se laisser rencontrer ; désormais, il sait qu'il n'est pas seul et la vie retrouve du goût.

 

Et du côté de l'accompagnant, de celui qui est aux côtés de celui qui souffre ?

 

D'abord, l'enfermement du souffrant mentionné plus haut place l'accompagnant dans la difficile posture « d'être avec celui qui est seul », dans « l'incapacité à réellement compatir et l'impuissance à soulager intérieurement notre semblable »

 

Ensuite, chez les amis de Job, comme chez les pharisiens autour de Jésus (guérison de l'aveugle), on perçoit la tendance à considérer « le sort de Job/ de l'aveugle, étranger au leur » : eux sont du côté des bien-portants (Dieu merci !!), Job et l'aveugle sont les souffrants, qui plus est, les pécheurs, puisque selon eux « le malheur est le fruit du péché ».

 

Jésus vient bousculer cette conception qui pose un fossé entre ceux qui ne souffrent pas et ceux qui souffrent. En effet, « La manifestation des œuvres de Dieu en cet aveugle-né ne le concerne pas lui seul, mais l’ensemble des hommes. La guérison de l’aveugle-né est non seulement une guérison qui s’est produite, mais elle est aussi symbolique, représentative de la guérison universelle à laquelle tous sont appelés. ». Une « guérison plus profonde qui n’est pas celle des yeux, organes du corps, mais celle de la vision spirituelle. »

 

De ce fait, « Job ou l’Aveugle-né me réfléchissent ma propre pauvreté. Alors ce n’est plus un souffrant à terre que je viens secourir, mais celui ou celle avec qui je partage la même condition. Le Christianisme nous enseigne cette communion. S’il nous est difficile voire impossible de comprendre l’inégalité objective que la santé met entre nous, ne nous berçons pas d’illusions : elle est infiniment moins importante que l’égalité de condition que nous partageons comme êtres humains ».

 

C'est bien un frère que nous allons rencontrer dans la visite. En étant conscients des pièges que la souffrance peut poser entre nous (enfermement, peur, distance), nous serons plus disponibles à entrer en communion avec lui et même peut-être « reconnaître en lui, celui qui vient à moi, comme image de mon sauveur. »

Article publié par service diocésain Aumôneries des établissements de santé • Publié le Lundi 11 juin 2018 • 1765 visites

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