« je suis en train de mourir de chagrin », ce sont les mots reçus cette semaine d’une dame hospitalisée depuis plusieurs jours.
La mission de rencontrer des personnes fragilisées peut faire peur : Que vais-je bien pouvoir faire et pouvoir dire face à l’injustice de la maladie ou du handicap ? Jusqu’où cela va-t-il m’amener?
Dans chacun des textes d’aujourd’hui, le mouvement est le même : l’effroi devant la mission.
- Tout d’abord, Le prophète Isaïe fut saisi d’effroi devant sa vision : elle le conduit à prendre conscience de l’écart entre ce que lui demande Dieu et ses propres forces. Ses lèvres purifiées vont lui permettre de se porter volontaire pour oser servir Dieu.
- Puis Paul : pharisien, il croyait que le groupe auquel il appartenait était mieux que les autres et il voulait encore au sein de ce groupe être le plus performant. il comprendra après sa conversion combien la loi à la lettre peut tuer. Il mesurera aussi qu’il n’y a plus lieu d’avoir de rivalité entre croyants en Christ car plus personne n’est exclu du salut !
- Quant à Pierre, il est lui aussi saisi de peur devant la puissance de la parole de Jésus-Christ qui le fait se sentir nu et qui a rendu pleins ses filets vides.
Le fait que Dieu nous demande de nous faire ses portes paroles est bouleversant !
Qui sommes-nous pour témoigner de lui, qui plus est, devant des personnes fragilisées ou face à leurs proches aidants qui traversent tant d’épreuves ?
C’est le thème de ce dimanche de la santé : Témoin d’une Bonne Nouvelle !
La question essentielle qu’il convient que chaque chrétien se pose c’est Comment entendre les angoisses sans les faire taire par une parole trop sure d’elle-même ? Comment écouter ce qui est douloureux et le porter au Christ ?
Cet effroi que nous pouvons nous aussi ressentir ne paralysa ni Isaïe ni Paul ni Pierre. Dans la confiance, Tous ils se lanceront. Ils sont saisis de cet élan qui comprend que le Seigneur s’appuie sur eux sans juger de leur faiblesse : Dieu les envoie tels qu’ils sont.
Le jour où nous arrivons à croire qu’il ne s’agit pas d’être différent de ce que nous sommes, nous pouvons commencer à rendre témoignage.
Car Le témoignage que nous avons à donner n’est pas un témoignage de force.
Au contraire, c’est lorsque nous sommes démunis devant une personne dans l’épreuve, saisi au cœur devant sa vulnérabilité, sans réponse devant le scandale du mal et du malheur, qu’un juste témoignage peut advenir.
Il faut que notre parole saigne à l’intérieur de nous, qu’elle accepte le silence pour ne surtout pas blesser celui qui nous fait confiance pour se dire.
Alors, Dieu peut faire son œuvre en nous et en celui que nous écoutons, à notre insu parfois, en osant quand nous sentons une attente ,dire des mots qui apaisent, des mots qui prolongent , des mots qui se font prière.
Une telle présence devient alors témoignage d’une bonne nouvelle, elle devient sacramentelle, signe de Sa présence.
Il devient alors possible de vivre cet Amour de Dieu avec toute personne fragilisée : c’est le cœur de la mission confiée aux équipes de la Pastorale de la santé mais aussi à toute communauté chrétienne.
Le pape FRANCOIS à l’occasion de la journée mondiale des personnes malades qu’il célébrera en Inde demain insiste sur le fait que les gestes de don gratuit sont la voie la plus crédible de l’évangélisation.
Je le cite à l’occasion du message qu’il nous adresse :
« Donner se différencie d’offrir précisément parce que cela contient le don de soi et suppose le désir d’établir un lien. Le don est donc avant tout une reconnaissance réciproque, qui constitue le caractère indispensable du lien social. Dans le don, il y a le reflet de l’amour de Dieu.
Aller à la rencontre de l’autre, le visiter, se faire proche de lui, prendre le temps de l’écouter, rompre sa solitude, c’est se faire le reflet de l’amour de Dieu.
Se rendre présent en avançant sans réponse au rythme de la personne, dans le respect de ses valeurs, sans prosélytisme mais attentif à sa dimension spirituelle : c’est partager cette vie de Dieu qui m’est donnée.
Au fond, rendre témoignage c’est d’abord de se laisser aimer par Dieu ce qui n’est pas si facile car nous avons en nous des peurs qui peuvent faire barrage.
Prendre le temps de la prière personnelle et communautaire est essentielle pour accueillir sa paix comme une brise légère.
Ensuite, seulement nous pouvons nous laisser entraîner par cet élan que Dieu nous communique.
Le psaume nous le dit : « tu fais grandir en mon âme la force »
Cet élan qui surgit dans la prière nous invite puissamment à sortir de nous-même pour aller vers : c’est là le signe qu’il vient de Dieu !
Pour conclure, je vous invite à prier, ensemble nous pouvons nous confier au Seigneur tel que nous sommes :
Ta parole est une lampe sur ma route, elle me réjouit de jour comme de nuit, elle me réchauffe et me rassure
Seigneur, donne-moi le désir de me laisser aimer pour que ma vie témoigne d’une bonne nouvelle !
Ta parole est une source vivifiante, elle étanche ma soif au cœur de mes souffrances, elle me pénètre et me libère
Seigneur, donne-moi la force de partager cette vie, de la faire grandir et de ne pas la garder pour moi.
Yannick Begard