L'expérience d'Annick (CH Maubeuge et Jeumont), Véronique (Ehpad du CH Douai) et Sr Fulgence (clinique Ste Marie)

Annick a elle même été touchée par la covid

Paroles d’aumôniers hospitaliers en temps de Covid

(Témoignages reccueillis fin novembre)

 

Je suis aumônier à l’EHPAD du Moulin à Maubeuge, et depuis quelques temps l’établissement est fortement touché par la seconde vague de la pandémie. Résidents et membres du personnel ne sont pas épargnés. J’essaie d’apporter au mieux le réconfort dont chacun a besoin dans cette période difficile pour tous. Nous sommes contrôlés régulièrement dans l’établissement.

Malheureusement, je suis testée positive au covid 19 et les symptômes s’enchainent rapidement : forte fièvre, maux de têtes extrêmement douloureux et persistants malgré les antalgiques, toux sèche et très grande fatigue… Les maux de tête ont duré une semaine sans discontinuer.

Après un premier arrêt de travail, j’ai dû accepter deux prolongations, la fatigue étant extrême, et la toux importante… au total 3 semaines d’arrêt !

Mais ce qui me touche le plus ce sont les appels de certains résidents qui sollicitent une visite que je ne peux leur accorder… L’hôpital, qui d’habitude reste « silencieux », téléphone à plusieurs reprises me demandant de me rendre auprès de malades en fin de vie. Je les oriente vers le prêtre non sans être désespérée de ne pouvoir accomplir ma mission…

Des résidents que j’accompagnais régulièrement sont décédés pendant mon absence, et là encore c’est un déchirement de ne pas avoir pu les accompagner jusqu’au bout et de n’avoir pas pu soutenir leur famille.

Je me sens impuissante et la seule arme que j’ai en compensation c’est de prier pour leur repos éternel.

Le plus dur dans cette maladie, c’est la peur de contaminer notre entourage, ce sentiment de culpabilité qui nous ronge quand on apprend qu’un proche est touché lui aussi… Puis l’angoisse de l’hospitalisation et que le virus soit le plus fort…

Le COVID n’atteint pas seulement la santé mais il prive de toute vie sociale, de contact ; Nous n’osons plus nous projeter dans l’avenir. L’homme n’est pas fait pour vivre seul, il a besoin des autres et le confinement nous enferme dans une solitude et un isolement pesant.

J’ai frôlé la déprime mais la prière m’a beaucoup aidé, le soutien reçu par messages, téléphone et union de prière a été bénéfique. Je me suis redressée et j’ai repris confiance… mon but étant de me rétablir le mieux possible pour repartir accomplir ma mission auprès des résidents.

Aujourd’hui j’ai repris le travail, et je rends grâce au Seigneur que mon mari (lui aussi touché  par le virus) et moi soyons sortis d’affaire sans complication.

Les résidents m’ont accueillie avec joie et soulagement, réclamant la communion et un temps de prière. En ces temps tourmentés gardons la confiance et l’espérance en des jours meilleurs.

Annick Waignier, aumônier aux Centres Hospitaliers de Maubeuge et de Jeumont

 

Un matin de début Novembre, dès mon arrivée à l'Ehpad, j'apprends qu'il y a des cas de covid. De ce fait, il m’a été demandé de ne pas visiter de résidents. Le test effectué en fin de semaine se révèle négatif. J’ai trouvé l’ambiance bien lourde dans l’établissement
A l’hôpital de Somain, comme au printemps, avec Chantal, bénévole de l’équipe, nous aidions à la réalisation des visites des familles :  accompagnement des résidents jusqu’au lieu dédié et accueil des familles. Ces visites se sont arrêtées lorsque le covid est « entré » dans l’établissement. Bien que négative à un nouveau test, compte tenu de fragilités de santé personnelles, la direction me suggère un arrêt maladie afin d’éviter le risque de contracter le virus dans le cadre de ma présence à l’hôpital. Je suis donc pour l’instant en arrêt, je reste en contact téléphonique avec les établissements.

Véronique Boucly, aumônier à l’Ehpad Marceline Desbordes Valmores de Douai, et au centre hospitalier de Somain

 

A la clinique de Ste Marie, les visites aux patients sont maintenues. En lien avec le directeur, il est décidé que Sœur André Marie les assurera avec moi. Il n’est pas encore prudent que tous les membres de l’équipe reviennent.

Le directeur propose aussi que je rencontre les malades du service Covid par visio-conférence. Au moment où j’écris ces lignes, cela va seulement se mettre en place : dès la semaine prochaine, je commencerai donc l’accompagnement des malades de la Covid en visioconférence.

J'ai gardé les liens avec les bénévoles de la clinique, je les appelle et j'envoie des SMS, je prends de leurs nouvelles enfin de continuer à garder l'esprit de l'équipe.

Sœur Fulgence, aumônier de la clinique Sainte Marie de Cambrai


 « J’étais malade, et vous m’avez visité » Mat 25,36

L’attention aux personnes malades ou touchées par la dépendance est une mission de chaque baptisé. Bien sûr, nous n’avons pas tous le charisme ou la possibilité d’aller à leur rencontre, mais tous, nous pouvons participer à ce que l’Eglise se fasse proche d’eux, tous nous pouvons permettre que leur soit proposé une écoute fraternelle empreinte de la proximité et de la tendresse du Christ, tout simplement en rappelant à quelqu’un qui est hospitalisé, ou dont un proche l’est, qu’il peut demander à rencontrer l’aumônier de l’établissement, ou en proposant de l’avertir pour lui.

Coordonnées des aumôniers : cliquer ici

Ou par Myriam Segond, responsable diocésaine 06 04 47 80 13 - @

Article publié par service diocésain Aumôneries des établissements de santé • Publié le Vendredi 04 décembre 2020 • 858 visites

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