Proposition d’homélie dimanche de la santé 2025
« Envoie-moi » c’est le thème retenu pour ce dimanche de la santé tiré du livre d’Isaïe, dimanche qui nous donne l’occasion aujourd’hui de confier toutes celles et ceux qui prennent soin des personnes malades et âgées.
« Ce n’est pas pour moi » cette petite voix ne résonne-t-elle pas en nous quand nous entendons les textes d’aujourd’hui?
Dieu envoie des gens saints et dignes ,pensons-nous.
À quelle fausse représentation de Dieu inscrite en nous cela renvoie-t-il ?
Dans les évangiles ,nous voyons pourtant Jésus appelait ses disciples parmi des pêcheurs.
Nous aimerions être capable de répondre « envoie-moi » mais dans le même temps au fond de nous, des freins se dressent.
Quelle est ma rive confortable que je n’ose quitter et quelles eaux profondes me font peur?
En prendre conscience constitue déjà un pas en avant pour pouvoir répondre.
Quand nous lisons Isaïe et l’Évangile de Luc notre attention se focalise sur leur finale : « me voici, envoie-moi », « laissant tout ils le suivirent » ...
Nous aimerions tout laisser et le suivre nous aussi...
La question est de savoir comment cela est possible concrètement ?
Ne faudrait-il pas D’abord nous interroger sur ce qui empêche notre disponibilité intérieure?
Bien sûr ,nous croyons que Dieu envoie et que son esprit est avec nous. Mais dans le concret du quotidien ,Il nous faut réapprendre chaque jour à nous laisser étonner par cette heureuse surprise qu’est le don que Dieu nous fait, ce don qui nous donne d’aimer la vie et le courage d’initiatives nouvelle.
Quand le Christ a lavé les pieds de ses disciples il s’est agenouillé devant eux , il a touché leurs pieds , les a lavé , les a essuyé , il s’est mis à leur hauteur, il leur a dit heureux êtes-vous si vous le faites...
Par nos gestes, par nos paroles au quotidien, nous sommes invités à l’engagement, à répondre à l’appel de Dieu.
Détrompons-nous, ce que son esprit suscite ne consiste pas en un débordement d’activisme mais c’est avant tout une attention à l’autre.
Il nous faut toujours nous souvenir que lorsque Dieu appelle il nous donne l’élan d’oser des rencontres nouvelles. C’est le dynamisme de l’amour.
Beaucoup dans nos équipes de santé, témoignent que malgré leur sentiment de vulnérabilité ils se sentent conduits, au fil des rencontres par des signes et des paroles...
Ils découvrent à leur insu comment ils peuvent être ambassadeur de l’amour de Dieu pour les personnes rencontrées dans la visite de celles et ceux qui souffrent.
Et c’est l’expérience d’un émerveillement qui les fait souvent durer:
« le seigneur fait tout pour moi », «tu fais grandir en mon âme la force » clame le psaume 137 d’aujourd’hui...
Dieu n’est plus cette figure de manager exigeant qui nous dit d’une voix impérative : « j’ai un projet pour toi que tu te dois de mettre en œuvre »
Il devient ce Dieu amoureux qui préfère cette question ouverte « qui enverrai-je? » si respectueuse de notre liberté.
Dans la conscience de nos limites et libérer de la crainte de lui déplaire, nous pourrons alors répondre.
La grâce ne peut être possédée par personne car il s’agit d’un renouvellement permanent aux risques de la vie de chaque jour.
Ce don peut être refusé à tout moment comme quand la foi vient à défaillir dans la traversée de l’épreuve car notre liberté humaine reste entière et respectable.
Saint François de Sales disait ceci de la grâce:
« Elle est puissante non pour contraindre le cœur mais pour le séduire.
Elle agit avec force mais avec une telle douceur que notre volonté n’en ai jamais écrasé.
Elle nous presse mais n’oppresse pas, si bien que nous pouvons résister à ses mouvements selon que cela nous plaît ou non. »
Dieu se révèle dans l’attention dont nous faisons preuve pour autrui et souvent nous ne le mesurons pas immédiatement ,nous ne le découvrons qu’après coup. Il nous aime d’un amour gratuit qui suscite en nous un élan.
La foi en cet amour conduis à continuer de prendre soin.
Le « envoie moi » d’Isaïe, est emprunt de cette Foi qui nous fait
devenir capable de consoler et même de consolider la marche hésitante de nos frères et soeurs en leur permettant de faire eux aussi l’expérience de l’amour divin.
Yannick Begard
Diacre dans le monde de la santé