A l'occasion du Dimanche de la santé célébré le 7 Février,

l'homélie de Yannick Bégard, diacre dans le monde de la santé

Lorsque nous sommes confrontés à des expériences qui nous fragilisent, nous sommes ébranlés dans nos fondements. Et  malgré la présence et la compassion d’autrui, se rajoute la souffrance de se sentir seul.
Nous le sentons bien dans la lecture de Job de ce jour et nous faisons tous l’expérience que la quête spirituelle s’intensifie dans les situations de maladie.
Celui qui désire se rendre disponible à une personne qui souffre doit prendre conscience qu’il ne détient pas de réponse ni de savoir à transmettre fut-il religieux.
Dans l’évangile, nous découvrons Jésus aux prises avec des situations dramatiques de la vie de ses contemporains .Nous le voyons capable de toucher chaque personne rencontrée au plus intime. Il suscite alors en elle des forces insoupçonnées de vie.
Mas qu’elle est sa manière de se rendre proche?
Il se montre authentique dans la relation dans une présence simple et aimante.
Il adapte son comportement en se mettant d’abord à l’écoute de ce que l’autre vit de difficile.
Il prononce des paroles vraies qui invitent à la confiance sans chercher à rassurer  faussement.
Jésus suscite en chacun un acte de foi en la vie dont il ne s’approprie jamais  l’origine: il ne dit jamais « je t’ai sauvé » mais « ta foi t’a sauvé ». Il se laisse toucher par le mal de vivre de ceux et celles qu’il rencontre et réveille en chacun leur source vive.

La conviction qui l’habite c’est que chacun possède en lui des ressources telles des graines qui ne demandent qu’à produire et porter du fruit comme dans la parabole du semeur.
Il est confiant dans les forces de vie déposées en chaque être humain.
Il possède l’art de trouver pour chacun l’attitude qui convient.
Il révèle à chacun ce qu’il a de plus personnel.
Il lui communique le courage d’être ce qu’il est.

La rencontre avec Le Dieu de Jésus donne la possibilité d’une confiance et d’un abandon.
C’est dans sa parole de crucifié : « Père entre tes mains je remets mon esprit » que nous pouvons devenir capable de traverser ce qui nous arrive de dramatique.
Cela implique la patience d’endurer et d’assumer l’épreuve.
Il s’agit d’un mouvement par lequel l’être humain persévère dans le courage de continuer de vivre ou d’aller vers sa mort en acceptant ce qui lui arrive.
Dieu nous rend capable comme le dit Saint Paul dans la deuxième lettre aux  Corinthiens: « notre capacité vient de lui ».
Jésus s’inscrit dans la dynamique de cet amour divin. Il permet à celui qui souffre de trouver en lui cet amour. Il est la porte qui nous ouvre à Dieu au plus profond de nous mêmes.

« Tout le monde te cherche » c’est le thème de ce dimanche de la santé.
Cette recherche est constitutive de la dimension spirituelle de tout Homme. Chercher c’est entrer dans la spiritualité. Cela concerne la recherche du sens de la vie qui peut être considérée comme absurde ou révoltante renvoyant à l’absence de Dieu.
Les bouleversements suscitent en nous soit la protestation à l’égard d’un Dieu silencieux, soit la quête en lui d’un réconfort.
Les épreuves vécues mettent en lumière nos besoins spirituels qui sont différents des besoins psychologiques.
Quand l’angoisse ne trouve pas le chemin de l’apaisement, nous pouvons expérimenter une détresse spirituelle.
La spiritualité entre aujourd’hui dans le domaine du prendre soin à côté de toutes les techniques thérapeutiques qui relèvent du domaine du traitement.
Pour accompagner une personne malade, il est primordial d’être attentif à ses besoins spirituels et confiant en ses ressources.
La spiritualité aide à mieux affronter la maladie en accueillant d’abord la recherche du sens.
Le sens de la vie c’est celui que nous parvenons à lui donner. Rechercher du sens c’est pouvoir se donner un horizon et cela appartient seulement à celui qui souffre.

La prise en compte de la spiritualité dans le monde de la santé est de l’ordre de l’éthique parce qu’elle est constitutive de l’être humain.
Permettre à la détresse spirituelle et à la quête spirituelle de s’exprimer c’est faire comme le Jésus des évangiles.
Cela nous demande une écoute compassionnelle, une sollicitude qui accompagne avec délicatesse, une humilité non intrusive, une écoute qui arrache non au questionnement mais à la solitude.

Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus éprouver le besoin de prier. C’est dans le silence de la nuit, dans le désert qu’il cherche Dieu, comme ceux qui connaissent l’isolement dans la maladie.
En cela il s’inscrit pleinement dans sa dimension humaine. Jésus lui même cherche l’élan qui le mène sur les routes de Galilée pour servir ceux qui désespèrent.

Yannick Begard ( diacre dans le monde de la santé )

Article publié par service diocésain Aumôneries des établissements de santé • Publié le Jeudi 28 janvier 2021 • 629 visites

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